L’Anti-Atlas marocain
le géoparc du jbel bani - tata

L’Anti-Atlas marocain

 

L’Anti-Atlas  marocain  constitue  le  domaine structural  majeur  du  Sud  du  Maroc (Figure  I-3).  Il  s’agit  d’un  vaste  bombement anticlinal  orienté  ENE-WSW  se  prolongeant  jusqu'à  la  chaîne  de  l’Ougarta  suivant  une  direction  NW-SE.  L’Anti-Atlas  se  subdivise  en  trois parties : une partie occidentale s’étalant de l’Atlantique jusqu'au piedmont du Sirwa, une partie  centrale  correspondant  au  Jbel  Sirwa  et  à  la  région  de  Bou  Azzer,  et  enfin  une  partie  orientale  constituée  du  Jbel  Saghro  et  du  Jbel Ougnat. La  séparation  de  ces  différents domaines  de  la  chaîne  est  soulignée  par  l’accident  majeur  de  l’Anti-Atlas.  Ce  dernier  correspond  à  un  accident  de  direction  moyenne  WNW-ESE  et  continu  sur  près  de  6000  km  jusqu'au Kenya, via le Hoggar où il est connu sous le nom de linéament de Tibesti (Guiraud et al.  2000).  Au  nord,  l'Anti-Atlas  est  limité  par  une  zone  faillée  majeure  appelée  Faille  Sud  Atlasique qui s'étend depuis la Tunisie jusqu'aux Iles Canaries (Gasquet, 1991). 

La  chaîne  de  l’Anti-Atlas  est  principalement  constituée  de  terrains  précambriens  affleurant  sous forme de boutonnières et recouverts par des séries infracambriennes et paléozoïques. Les boutonnières  les  plus  importantes  en  superficie  sont  celles  du  Bas-DraaIfniKerdousZenaga, Sirwa, Bou Azzer, Saghro et Ougnate (Figure I-3). Plus à l’est quelques boutonnières protérozoïques affleurent (secteur de Menhouhou, de Bou Salem et d'Aïn Chair; boutonnière de Tamlalt) mais demeurent beaucoup plus limitées. 

paléozoïques-anti-atlas

Figure  I-3  :Carte  géologique  simplifiée  de  la  chaîne  de l'Anti-Atlas  et  localisation  des  principaux  domaines structuraux du Maroc. Carte de l'Anti-Atlas d'après Gasquet et al. (2005).

Au niveau litho stratigraphique, les terrains protérozoïques sont divisés en trois grands ensembles (Thomas et al., 2004; Figure I-4) : (i) le socle paléo protérozoïque structuré lors de l'orogenèse  éburnéenne  (birmienne),  (ii)  les uper groupe  de  l'Anti-Atlas  correspondant  aux  formations volcano-sédimentaires néo protérozoïques déposées avant l'orogenèse panafricaine, et  (iii)  le  super groupe  de  Ouarzazate  constitué  de  formations  magmatiques  associées  à  l'histoire  tardi-orogénique  panafricaine.  Le  tout est  recouvert  en  légère  discordance  par  les  groupes  de  Tata  et  de  Taroudant.  Ce  sont  ces différents  ensembles  litho stratigraphiques  que  nous allons à présent décrire. 

Figure I-4 : Colonne litho stratigraphique des formations protérozoïques de l'Anti-Atlas. D'après Thomas et al. (2004).

Le socle Paléo protérozoïque - l'orogenèse éburnéenne (birimienne) Les terrains paléo protérozoïques affleurent uniquement dans l’Anti-Atlas occidental et central  (Figure  I-3),  mais  semblent  s’étendre  en  profondeur  tout  au  long  de  la  chaîne  Anti-atlasique  (Ennih  et  Liégeois,  2001).  Ils  sont  présents  dans  de  nombreuses  boutonnières  (Bas Draa,  Ifni,  Kerdous,  Tagragra  d’Akka,  Tagragra  Tata,  Ighrem,  Bou  Azzer  et  Zenaga)  appartenant  à  la  bordure  nord  du  Craton  Ouest  Africain  (Choubert,  1952  ;  Charlot,  1982  ;  Hassenforder,  1987).  Le  socle  paléoprotérozoïque  est  composé  d’un  ensemble  de  roches  métamorphiques  (schistes,  gneiss,  amphibolites,  migmatites ) )  et  plutoniques  (orthogneiss)  formant    un    socle    cristallin    sur    lequel    reposent    les    séries    panafricaines    d’âge    Néoprotérozoïque.  De  récentes  études  géochronologiques  U-Pb  sur  zircons  effectuées  dans  les boutonnières du Bas Draa, Tagragra d’Akka, Tagragra de Tata, et du Sirwa ont permis de confirmer  l’existence  d’événements  magmatiques  vers  2.04  Ga  et  1.7  Ga,  et  d'envisager  un  âge plus ancien vers 2.17 Ga (Aît Malek et al., 1998 ; Chalot-Prat et al., 2001 ; Thomas et al., 2002 ; Walsh et al., 2002 ; Barbey et al., 2004 ; Gasquet et al., 2004). L'âge le plus fréquent (~2.05  Ga;  Figure  I-5)  correspond  à  la  mise  en place  de  granitoïdes  calco-alcalins  et  per alumineux dans les séries met sédimentaires.

Ces dernières ont été datées à 2072 ± 8 Ma grâce  à  des  intercalations  de  métatuffites  felsiques  (Tagragra  de  Tata,  Walsh  et  al.  2002).  Cependant, une contribution de matériel archéen lors de la formation des séries sédimentaires paléo protérozoïques a également été proposée (Mrini, 1993 ; Mortaji et al. 2000 ; Barbey et al. 2004). Les âges du socle paléo protérozoïque anti-atlasique sont proches de ceux obtenus pour  les  granitoïdes  éburnéens  (birimiens)  de  la  dorsale  de  Reguibat  (Mauritanie)  datés  vers  2.04 Ga. Ces datations traduisent donc le cycle de formation de la croûte paléo protérozoïque lors  de  l’orogenèse  éburnéenne  (birmienne),  lorsque  l’Anti-Atlas  correspondait  à  une  zone  d’accrétion proche de noyaux archéens (Barbey et al., 2004). 

Figure  I-5  :Colonne  litho stratigraphique  synthétique  des  formations  de  l'Anti-Atlas  présentant  les  principaux évènements magmatiques et les datations U-Pb associées. D'après Gasquet et al. (2005)

Source web par tel.archives-ouvertes

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