Le Musée municipal du patrimoine amazigh d’Agadir: une mémoire pour un territoire (Géoparc Jbel Bani)
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Le Musée municipal du patrimoine amazigh d’Agadir: une mémoire pour un territoire (Géoparc Jbel Bani)

Agadir- Fort d’une riche collection de bijoux et d’objets de la vie quotidienne, le Musée municipal du patrimoine amazigh d’Agadir, sis en plein centre-ville, n’a point cessé, depuis il y a bientôt 16 ans, de rayonner en tant qu’institution culturelle, qui tente de restituer doucement les fragments épars d’une mémoire qui refuse de mourir.

Ouvert un 29 février 2000, date-anniversaire qui rend l’écho de la destruction de la ville d’Agadir par le séisme de 1960, ce Musée s’étend sur une superficie de plus de 1000m2.

La particularité de ce Musée, sis à proximité de la zone touristique, tient à la nature des collections qu’il renferme et qui concernent les régions de Souss-Massa et du Maroc présaharien. Elles rappellent, non seulement le timbre culturel des traditions amazighes et des nombreuses influences qui se sont croisées sur ce territoire, mais aussi celui des mutations contemporaines du patrimoine régional.

Le Musée comporte plus de 1500 pièces d’exposition, notamment des tapis (une dizaine), des bijoux (près d’un millier environ), des portes anciennes, des objets de poterie et des manuscrits, dont le plus ancien remonte au 16ème siècle.

Outre la visite d’une salle provisoire dédiée à des expositions thématiques (patrimoine, arts plastiques, photographies), le visiteur est admis, comme dans une première immersion, dans la salle des collections où il aura à apprécier les différentes facettes du patrimoine amazigh (portes, tapis, outils de conservation des aliments, récipients de cuisine et autres ustensiles d’art culinaire). Au regard s’offre une collection en cuivre de marmites «tikint » ou de tamis (couscoussier), ou en terre cuite des réchauds, des plats et écuelles à couscous ou des couscoussiers, mortiers et autres ustensiles en bois, courges vidées et séchées utilisées pour la conservation des liquides.

Après la visite de la “salle des techniques” où d’amples explications sont fournies sur les procédés, outils, formes et matériaux de l’orfèvrerie traditionnelle, le visiteur aura droit à une descente au sous-sol où sont regroupés, jalousement dans une grande vitrine, de rares spécimens de bijoux, dont certains comportent des talismans et autres produits à caractère prophylactiques.

On y apprend notamment que les bijoux, généralement portés en plusieurs exemplaires, n’ont pas seulement une valeur esthétique, mais revêtent de nombreuses autres fonctions prophylactiques, symbolique, identitaire et économique. Il s’agit au fait de trois grands ensembles: les parures frontales, les parures pectorales et les anneaux et les boucles. La parure quotidienne est généralement simple, alors que le port de la parure complète est réservé aux jours de fête.

Des explications sont aussi fournies sur les différentes techniques élaborées par les artisans (gravure, ciselure, poinçonnage, soudure, limage, filigrane, etc.), les métaux et matériaux utilisés (argent, verre coloré, émail, corail, bouton, coquillage, matière plastique, nielle, cire, …) et les différentes dénominations des bijoux (collier à boucle et pendeloque, “tizerzai” ou paire de fibules, ceinture avec fermoir, paire de boucles d’oreille à pendeloque, frontal, bandeau tressé à pendeloques, “biymi” ou bracelet , diadème à charnières, chaînes et crochets, boucles de ceintures, charnières à aiguille, etc.).

Toujours au sous-sol, surnommé “salle des talismans”, le visiteur aura à apprécier une vingtaine de pièces muséales, donation des Iles Canaries au Musée municipal du patrimoine amazigh d’Agadir, qui témoignent de la grande similitude culturelle et cultuelle entre les deux régions.

Une fois au premier-étage, on se retrouvera devant le caractère mystérieux et éblouissant des manuscrits ou encore des photographies reproduisant la grandeur des “Igoudars”, ces greniers collectifs de l’arrière-pays, qui après s’être grandement disséminés dans la région, ont fini par donner un nom singulier à un chef-lieu: Agadir.

C’est que, administrativement, le territoire concerné par le Musée inclut les préfectures d’Agadir Ida Outanane et d’Inezgane Aït Melloul et les provinces de Chtouka Aït Baha, Taroudant, Tiznit, Essaouira et partiellement Ouarzazate, Tata et Guelmim.

Naturellement, la région concernée par ce Musée, unique en son genre à être géré par une Commune urbaine au Maroc, présente une diversité de produits et d’objets qui en traduisent parfaitement l’étendue et les contrastes.

Limitée à l’ouest par la côte atlantique, au nord par les dunes anciennes et les collines du plateau de Haha-Chiadma jusqu’à l’oued Ksab, au sud par Jbel Bani et la vallée du Drâa, à l’est par le Jbel Saghro et l’Oued Dadès, cette région est composée de grandes unités physiques distinctes, alternant montagnes, plateaux, cuvettes et plaines.

Au Musée comme ailleurs, l’espace dicte ses droits tant et si bien que l’Anti-Atlas s’érige, ici comme dans les reliefs, en tant que barrage entre le Souss à l’ouest et un versant oriental dominé par l’altitude et les influences sahariennes, alors que le Jbel Bani, au sud, tel un véritable mur, sépare le territoire des sédentaires de celui des nomades, zone semi-désertique avec la plaine rocailleuse de Lahmada et les ergs.

De toute évidence, les ressources en faune et en flore ont naturellement influé sur la production culturelle de l’homme et de ses représentations du monde et de l’espace, comme en témoignent les gravures rupestres de Foum El-Hisn et d’Akka (représentations d’antilopes, éléphants, boeufs,  chars, etc.)… Autant d’échos qui évoquent une fertilité qui fut au versant sud de l’Anti-Atlas à l’époque préhistorique et d’une présence humaine ancienne et active.

Cette région, située au carrefour de plusieurs mondes, entre Océan et désert, entre l’Afrique subsaharienne et le Maroc septentrional, a toujours été ouverte aux influences extérieures, à tel point que les mouvements migratoires et les conditions naturelles ont bien déterminé des modes de vie, des traditions spécifiques que l’on retrouve dans la variété des danses et des chants, l’architecture, l’artisanat, la richesse des costumes et des bijoux.

S’il est vrai que la population était constituée de sédentaires ayant maitrisé l’appropriation de l’eau et de nomades dont la vie était réglée en fonction des pâturages, la région allait, néanmoins, subir l’arrivée d’une population juive, issue à la fois de mouvements très anciens et des migrations ibériques des XIVème et XVème siècles.

L’Histoire renseigne que cette autre population, active essentiellement dans les domaines de l’orfèvrerie et du commerce, allait jeter son dévolu sur certains villages de l’Anti-Atlas (Ifrane et Tafraout), du Bani (Akka et Tata) et les villes d’Essaouira, Inezgane et Taroudant.

Il va sans dire que les conditions géographiques et climatiques expliquent, un tant soit peu, la présence des végétaux et des animaux que l’on rencontre sur les bijoux, de façon figurative ou métonymique, dans le rapport qu’entretient l’être humain vis-à-vis de la Nature et des éléments.

Pour s’en apercevoir, il suffit de considérer les pétales des fleurs incrustées aux bijoux où l’on voit clairement la lettre arabe “waw”, la prédominance des palmes et des rinceaux stylisés, la représentation de l’amande et de la grenade aves ses nombreux grains, … Autant de motifs qui renvoient à la féminité, la fertilité et à la prospérité.

Il en va de même des représentations du chacal, du serpent, du petit lézard, du scorpion ou du poisson dessiné ou évoqué par ses écailles, tout comme de la prédominance de certains chiffres, principalement ceux allant de trois à neuf, et des figures géométriques qui les combinent, sur les tapis, sous formes de carrés, triangles, étoiles de toutes branches, en tant que représentations magiques, symboliques ou occultes.

Qu’à cela ne tienne, mais au-delà de la cosmogonie et de ses multiples représentations, le Musée municipal du patrimoine amazigh d’Agadir n’aura pas désempli en multipliant, depuis sa création, expositions de calligraphie, d’arts plastiques, de philatélie et de photographies, en plus de conférences régulières sur différentes thématiques liées à ce territoire.

Le 16 mai 2016

Source web par : map express

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